Bulletin trimestriel

Juin 2024

Les chemins du patrimoine

22, rue de l’Hôtel de ville 83560 Saint-Julien Directrice de publication :

Raymonde Pons

Racines

Répertorier, aider à entretenir, valoriser et faire connaître

le patrimoine de la commune de St-Julien le Montagnier

site : www.lescheminsdupatrimoine.fr



Séances de scans à la mairie le 20 avril

EDITO de la présidente

L’été sera chaud ! Et le mois d’août mémoriel !

Rendez-vous fin août pour marquer les 80 ans du Débarquement en Provence, avec une exposition et la projection d’un film.

Pourquoi ce travail de mémoire ?

Parce que la mémoire de la guerre fait partie de notre patrimoine.

Pour se souvenir des victimes,

par compassion pour leurs souffrances. Pour rendre hommage aux héros et les donner en exemple. Plus largement pour comprendre ce qui s’est passé.

Mais pas d’espoir que l’on en tire les leçons de l’Histoire, puisque périodiquement, et partout sur terre, les hommes recommencent les mêmes erreurs.

Merci aux employés municipaux qui ont, dans un temps record, effacé les tags, nettoyé les bassins, changé des tuiles, posé une poutre horizontale et rangé la noria pour que nous puissions faire notre bugade dans un lavoir tout beau !

Profitons vite d’un bel été et à bientôt !


Les Journées Européennes du Patrimoine auront lieu les 20, 21 et 22 septembre 2024 sur les thèmes "Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions"

P2 : nos activités printanières P3 : promenades-découvertes P4 : conférence sur J. Daret P5 à P9 : la 2ème GM

P10 et 11 : Ataïé lou Verdoun P12 : Brèves loto patrimoine

Sortie ethnobotanique pour la Fête de la Nature : Joêl Nicolas en pleine explication (p3)


Vous trouverez bien, cet été, un moment pour aller au musée Granet à Aix, voir l’exposition qui présente un tableau de notre église (p4)


LES 80 ANS DU DEBARQUEMENT EN PROVENCE ET LA 2èmeGM

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Depuis mars, nous avons réalisé ce qui était prévu : scanner les documents appartenant à nos membres, réaliser deux séances publiques de scans, salle du conseil municipal les 6 et 20 avril, commencer à consulter les archives municipales (fait le 15 juin). Et procéder à certaines interviews.

Nous nous sommes engagés à consacrer au moins 4 pages de Racines à ce thème toute une année, et voici le deuxième numéro.

C’est avec fierté que nous avons reçu, de la Préfecture du Var, l’autorisation d’utiliser le logo officiel du Débarquement.

Enfin, l’association Ginapatrimoine, nous a fourni un article précieux sur la Résistance à Ginasservis. C’est le début d’une collaboration que nous espérons longue et fructueuse.

Fin août, une manifestation aura lieu, en principe en même temps que celle envisagée par la commune, avec, pour ce qui nous concerne, une exposition et la projection d’un film sur le débarquement en Provence.

Les documents scannés ou rassemblés, seront publiés dans un recueil.


Journées Patrimoine de juin

HISTOIRES D’EAU A SAINT-JUILIEN

22-23 juin

Comme prévu, nous avons utilisé notre travail des années passées, sur le thème, pour le refondre dans une nouvelle exposition. Cela nous a permis, en même temps, de numériser et d’archiver notre travail. Ce fut, quand même, un lourd travail.

Nous y avons ajouté une présentation d’une scène de bugade au lavoir de Saint-Pierre (lavoir des Fontètes) qui nous a fait ressortir les vêtements provençaux et le linge ancien appartenant à notre association. Merci à tous ceux qui nous ont prêté objets, linge et vêtements, pour compléter la scène.

Au même moment, la mairie inaugure le lavoir de Beaucas rénové. Les deux manifestations se rejoignent pour l’explication de la bugade à l’ancienne par France Authier et un apéritif offert par la mairie.

La médiathèque s’est associée à cette manifestation en tenant un atelier dessin pour les enfants samedi matin.

Vous aurez les photos dans le prochain numéro.

Nous faisons appel à tous les lecteurs qui auraient des souvenirs de famille à raconter, des documents, photos ou objets militaires personnels, sur la Seconde Guerre mondiale.

N’hésitez pas à nous contacter sur lcp83560@hotmail.fr, pour enrichir nos archives.

Ne laissez pas passer l’occasion ! Après ce sera trop tard.


Le 18 juin, la FONDATION PATRIMOINE du Var a invité, à Montferrat, les présidents d’associations impliquées dans un projet aidé par cette Fondation, ou pouvant l’être. C’est dans le cadre du projet de restauration de l’église que j’ai été contactée.

La Fondation a d’abord exposé son fonctionnement, son financement, les moyens dont elle dispose pour aider les communes, mais aussi parfois des particuliers, à restaurer le patrimoine, surtout le patrimoine non classé.

J’ai pu poser des questions plus précises sur le système de dons défiscalisés, et faire la connaissance de la personne qui va s’occuper du dossier de l’église.

Ensuite, le groupe s’est déplacé à

la chapelle ND de Beauvoir, où l’histoire de cette chapelle et de son sauvetage ont été expliqués. Un apéritif offert et un pique- nique partagé ont permis des échanges informels entre les associations.

Une bonne formule.

R. Pons

La plaque tombale pour Lucienne Pascal a été confiée à sa fille Nadine Guisset, qui nous a remerciés et envoyé cette photo de la tombe de Lucienne à Brignoles.




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Le long du circuit : des lavoirs, des fontaines, un pontet, le « Château de Malaurie », le canal et… des bories.

Nous avons constaté, avec tristesse que la chapelle de Boisset n’était plus accessible, et qu’elle avait été en partie démolie

afin d’utiliser les pierres pour construire un mur autour de la propriété, puisque c’est une propriété privée.

Notre sortie ethnobotanique au bord du Verdon et du Malaurie dans le cadre de la Fête de la Nature le 25 mai

Mort d’un patrimoine ! Déjà bien malade depuis longtemps.

En ce début de printemps, c’est entre la chapelle de la Trinité et le hameau de Boisset, que nous avions invité les marcheurs, à la rencontre du patrimoine rural. Accompagnés par François Grison.

Une belle matinée commencée dans la brume, terminée au soleil avec un apéro et un pique-nique, à l’abri de la chapelle.



Une longue promenade, guidée par Joël Nicolas, remontant le cours du Verdon jusqu’au Malaurie, pour un groupe de personnes venues de Ginasservis, Vinon, et, bien sûr, Saint-Julien.

Nous reviendrons, ultérieurement, sur le riche contenu de cette sortie.

A l’issue de cette promenade, retour au CIL, centre de cette Fête de la Nature, organisée par la mairie, où se sont déroulées, toute la journée, des activités pour les grands et les petits.

A l’arrivée, identification des échantillons de végétaux collectés, par Jean-Paul Dauphin du Conservatoire d’Espaces Naturels PACA, avant sa conférence au CIL sur « La place de l’homme sur terre »


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Jane MAC AVOCK,

spécialiste de Jean Daret, est commissaire

scientifique de l’exposition qui se tiendra au Musée Granet d’Aix-en-Provence à partir du 15 juin 2024.

Le samedi 27 avril, elle nous a fait partager son enthousiasme et son érudition lors d’une conférence passionnante en l’église de Saint-Julien, où un tableau de ce peintre flamand du XVII° siècle a été retrouvé en 2019.


JEAN DARET 1614- 1668

Peintre du roi en Provence Autoportrait


Jean Daret naît à Bruxelles en 1614. Il fait son apprentissage chez le peintre Antoine van Opstal. On le trouve à Paris en 1633 où il rejoint son cousin Pierre Daret, graveur, et fréquente les peintres Simon Vouet et Philippe de Champaigne.

Après un possible voyage à Rome, il s’installe à Aix-en- Provence en 1636 et se marie en 1639 avec Magdelaine Cabassol. Ils auront six enfants, dont deux seront peintres, et vivront dans le quartier Mazarin, où on peut voir leur dernière maison rue Cardinale.

Un dernier séjour à Paris permet à Jean Daret de renflouer ses finances en participant à la décoration du château de Vincennes. Il meurt à Aix en 1668 et est enseveli dans la cathédrale Saint-Sauveur.

Peintre très sollicité et très prolifique, il va alterner les sujets profanes (portraits, scènes mythologiques) et les sujets religieux. Son premier tableau est un autoportrait conservé au musée de l’Ermitage. Citons le

« Joueur de luth » (Musée Granet), « Portrait d’un magistrat », « Diane et Callisto » (musée des Beaux-Arts de Marseille).

Les nombreux sujets religieux répondent aux nombreuses commandes des églises qui utilisent les tableaux comme supports pédagogiques à l’adresse d’une population majoritairement illettrée.


A Aix Jean Daret réalise 22 tableaux pour une chapelle détruite à la révolution, il peint pour le couvent des Récollets et la Cathédrale Saint-Sauveur où l’on peut encore admirer : « la Crucifixion » (1640), « l’Ange Gardien » (1647), « La Cène » (1668).

Son chef d’oeuvre est peut-être le décor en trompe l’oeil de l’escalier de l’hôtel de Chateaurenard (Rue Gaston de Saporta à Aix). Louis XIV séjournant dans cet hôtel en 1660 décernera à Jean Daret le titre de « Peintre du Roi ».


« NOTRE » tableau

En Provence, on trouve les oeuvres de Jean Daret dans les musées d’Aix, Marseille et Nîmes et de nombreuses églises possèdent leur

« Jean Daret » : Apt, Cavaillon, Lambesc, Pertuis, Pignans, Pontevès, Saint-Paul de Vence, Salon, Simiane et… Saint-Julien.

Le tableau "La Trinité Céleste et la Trinité Terrestre » découvert dans l’église en 2019 est daté 164… . Le sujet d’après Jane Mac Avock serait le retour de la Sainte Famille de Jérusalem après que Jésus se soit attardé trois jours pour parler avec les docteurs de la Loi.


Ce tableau est actuellement au CIRCP à Marseille (Centre interdisciplinaire de restauration et de conservation du Patrimoine) où il a été magnifiquement restauré par Marine Victorien.

A voir donc cet été au Musée Granet, avant de le retrouver dans notre église vers la fin de l’année.


Et merci encore à Jane Mac Avock pour cette belle découverte ! Monique Hoynant

La guerre entraine des mouvements de population : les uns partent à la guerre,

certains sont faits prisonniers et restent ainsi longtemps loin de leur village, les autres fuient les villes bombardées et des conditions de vie trop dures. Et dans ces chassés- croisés, des vies se croisent, se nouent, et reconstruisent l’avenir.




A cette époque mon père Gaston Hugou se trouvait prisonnier de guerre en Prusse

orientale (à Koenisberg).

Je ne sais pas grand-chose : mon père parlait peu de cette époque. Il travaillait dans les champs. Il faisait grand froid.

Je me souviens que, dans la ferme où il était, il s’occupait particulièrement des chevaux et des mulets qu'il connaissait parfaitement.

C’est par un soir de février, au plus profond de l’hiver 1940, que ma mère, Jeanne Haudiquet, et sa grand-mère, sont arrivées à St-Julien par le car de Marseille.

Elles venaient s’installer, loin des risques de guerre, aux Pignolets, maison que son frère Maurice avait acquise depuis peu.

Dans la nuit, elles ont cheminé de l’arrêt de bus jusqu’à la maison qu’elles ne connaissaient pas, par un chemin sombre au milieu du bois. Des charbonniers les ont gentiment accueillies et aidées à s’installer dans cette maison noire et froide. Dehors la nature était couverte de neige.

Pendant ces années de guerre, maman a travaillé pour les agriculteurs. L’accueil et l’entraide dans le village étaient réconfortants pour ces citadines.


Libéré en 1942 puis rapatrié, suite à des blessures, il fit plusieurs séjours en hôpitaux avant de revenir à St-Julien


Mon père à l’hôpital


C’est alors que mes parents se rencontrèrent.

Le 11 septembre 1943 entourés par la grande famille Hugou, mes parents se sont mariés au hameau des Guis.

Dans ces temps difficiles préparer une cérémonie n’était pas aisé, mais là encore, les relations amicales ont permis d’organiser une belle fête.


Ils vécurent ensuite plusieurs années aux Pignolets.


Ici ma mère, ma sœur et mon grand- père paternel vers 1947-48.

Hélène Hugou


Avoir 20 ans à Ginasservis en 1944

Alors que s’annoncent les commémorations du 80ème anniversaire du débarquement en Provence, nous vous proposons, ici, de revivre, au travers des récits que nous ont laissés Lucien Villecroze et Yvon Verne, le parcours de deux jeunes hommes à Ginasservis, durant les années 1943-1944.


Lucien Villecroze

Lucien Villecroze né en 1922

Refusant de se soumettre au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), il se cache avec quelques jeunes autour d’Allemagne-en-Provence où vit sa famille, puis se réfugie à Ginasservis où il est accueilli par des cousins.

Il travaille chez le boucher, Marcel Menut, fils du maire de Ginasservis, Constant Menut.

« J’ai appris à éplucher des oignons pour les boudins, laver les tripes de porc et de moutons, pétrir les saucisses. J’ai appris à désosser la viande ». Il ravitaille aussi son

berger et effectue divers travaux agricoles. « J’y étais très heureux. Chez un boucher il y a une bonne table, j’avais 21 ans, un grand appétit et c’était bon ! ».

Sur la recommandation de ses amis d’Allemagne-en-Provence, il se rapproche d’Eugène Mourou qu’on lui a présenté comme le chef local des F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans). Il devient ami avec son fils, Lucien, qui, bien qu’un peu plus jeune que lui, était « au courant de beaucoup de choses sur la Résistance. Il y avait en plusieurs endroits beaucoup d’armes cachées ».

En leur compagnie, Lucien Villecroze assiste « plusieurs fois le soir à des réunions avec des chefs de la Résistance de Gina, Vinon et Rians, tous étaient F.T.P. ».

Lucien Villecroze passe ainsi « un hiver tranquille, très agréable.

Avec un phono, nous dansions le dimanche dans une remise (…) Les

bals étaient interdits par Vichy, mais pas à Gina ». La boucherie Menut



Eugène Mourou


Yvon Verne et son père Gabriel

Yvon Verne, quant à lui, est né dans une famille communiste.

Son père, Gabriel, est abonné à Rouge Midi, et avec son frère Auguste, milite à la section communiste de Rians et à la C.G.P.T. (Confédération Générale des Paysans Travailleurs). Ils résident dans la Plaine, entre Ginasservis et Rians, à la ferme du Bastidan.

« Mon père aurait aimé que je poursuive mes études (…) Je ne voyais des champs que la liberté, comme un imbécile que j’étais. (…) A cette époque, le travail de la terre n’avait rien de commun avec celui d’aujourd’hui (…) c’était le labour derrière deux ou quatre chevaux (…) et il fallait tenir les mancherons bien fort, surtout en été lorsque la terre était sèche comme le roc ». Il reste donc à travailler à la ferme de son père, et milite à son tour au parti communiste.

Dès septembre 1939, du fait de leur activité politique jugée « suspecte » par les autorités, Auguste et Yvon Verne sont assignés à résidence à Saint- Maximin puis à Saint-Zacharie. Finalement, grâce à l’intervention d’amis, ils peuvent rentrer chez eux début 1940.

Yvon accomplit alors 8 mois de chantier de jeunesse dans la Drôme.

« C’était chaque matin, un kilomètre de course au pas de gymnastique pour aller se débarbouiller dans l’Aygues, même par les plus grands froids, Le salut aux couleurs et des chansons plus idiotes les unes que les autres (…) Au bout de deux mois, j’avais déjà perdu 10 kilos à bouffer des navets et des rutabagas ».

Mais « tout cela ne me guérit pas de ma détestable habitude, et je m’empressai de prendre contact avec la Résistance ». Il distribue des tracts, puis forme des groupes de Milices Patriotiques, intègre les F.T.P. et devient responsable politique du canton pour le mouvement.

Yvon Verne : Les risques d’une mission, les risques d’être trahi.

Durant l’été 1943, des camarades de Vinon informent Yvon Verne qu’ « un déserteur » allemand se cachait depuis quelque temps dans les collines d’Auriol (…) il avait exprimé le désir de rejoindre le maquis.(…) Ils l’avaient su par Gouin, le père du boulanger de Vinon qui était lui aussi boulanger à Auriol ».

Avec l’aval de ses supérieurs, Yvon Verne part le récupérer, avec ordre de le ramener au « maquis qui était alors situé dans les bois de St-Martin- de-Pallières, au lieu-dit « le Puits de Campagne ».

Sur le chemin du retour, les 2 hommes s’arrêtent à St-Maximin. Ils retrouvent un ami d’Yvon Verne, Paul Bertin qui leur remet deux vélos. Ils remontent vers Saint-Martin-des-Pallières en passant par Seillons, mais à leur arrivée, « une surprise nous attendait. Des camions étaient stationnés dans une clairière. (…) Était-ce la Milice ? Était-ce des bûcherons » ?

Yvon Verne décide de ne pas prendre de risque et se réfugie à la ferme des Alphonses, chez Sylvain Philibert. Durant leur court séjour, le réfractaire Hugo Brunning est présenté à Eugène Mourou et Isidro

Moliner, celui-ci travaille à deux pas, à la ferme du Bastidan.

Finalement, le déserteur est pris en charge par les F.T.P. et rejoint le camp de Saint-Martin, puis, début 1944, le maquis de Lambruisse…. Qui est attaqué par les Allemands le 6 avril 1944. Hugo Brunning fait partie des survivants et dénonce le chef du maquis.

A partir de là, il aurait été vu en compagnie des Allemands dans les Basses-Alpes puis dans la région de Saint-Maximin. Certains de ceux qui ont été en contact avec lui se cachent quelques temps. Puis… reprennent leur vie.

Après ce coup, Yvon Verne reprend sa double vie : agriculteur le jour, résistant la nuit. Ce n’est qu’en mai 1944 qu’il entre en clandestinité.

Pensant que « la résistance allait avoir sérieusement besoin de moi », il décide de monter une petite comédie. Tout comme Lucien Villecroze, il est susceptible d’être envoyé au S.T.O. Alors, il déclare à sa famille qu’afin

« d’échapper à une déportation déguisée », il lui fallait

« changer d’air ». Ainsi, il part chez des amis en Lozère, dans les monts Aubrac. Mais en fait, il ne reste que quelques jours : « je pris congé de mes amis et revins à Ginasservis à l’insu de tous, même de mes parents, que je ne voulais pas compromettre. (…) « Seuls Sylvain (Philibert) qui m’hébergeait, ses voisins le docteur et Mme Moya, ainsi qu’Eugène Mourou savaient que j’étais là clandestinement ». Il reprend alors ses activités de résistant F.T.P., dans la clandestinité


Lucien Villecroze continue d’assister aux « réunions nocturnes (qui) se succédaient, (alors que) les Allemands reculaient en Afrique du Nord, en Russie. Les avions américains (…) passaient continuellement de jour et de nuit sur nos têtes, oui, on sentait bien que quelque chose se préparait ».

Alors au printemps, on confie à Lucien Villecroze une mitraillette Sten, deux chargeurs et une centaine de balles. Avec Lucien Mourou, ils font des tirs.

Enfin, le 6 juin, on apprend le débarquement en Normandie. « Quelle joie pour tous », dit Lucien Villecroze.

Radio Londres appelle à l’insurrection généralisée et à la montée des maquis.

Alors, les résistants ginasservois se préparent aussi. Le dimanche 11 (ou 10) juin, avec Lucien Mourou, Lucien Villecroze distribue « des mitraillettes (…) à plusieurs habitants du village. Nous leur avions expliqué le montage, le rechargement des chargeurs et tout le maniement ».

Mais par manque de moyens, parce que le débarquement en Provence ne vient pas, le soulèvement auquel on avait appelé cesse et les maquisards se dispersent dans l’arrière-pays varois et bas-alpin.

Les Allemands ripostent immédiatement et férocement. Le 10 juin, le maquis de Jouques, sur le plateau de Bèdes, est attaqué.


Lucien Villecroze se trouve à ce moment « au bas du village à l’embranchement de la route qui va à Rians et celle qui va à Saint-Paul (…) lorsque j’ai vu des soldats allemands venant de la route de Vinon descendre de leur véhicule (…) et tirer en l’air avec leurs mitraillettes et rentrer dans le village ». Il se dirige vers la route de Saint-Paul et gagne le bois de chênes verts. « J’entendais toujours tirer ».


En route vers la Maline, il aperçoit « des Allemands monter dans les mûriers au bord de la route qui va à Rians ». Ils encerclent la ferme des Alphonses. Venant du village, un homme arrive et lui dit « Surtout, ne va pas au village, les Allemands te cherchent, ils ont même ta photo ». On lui conseille d’aller se réfugier à la ferme de la Roque ; on lui portera du ravitaillement. C’est ce qu’il fait. Il est prudent, il entend tirer dans les bois. « J’ai su plus tard que les Allemands tiraient dans les bois, au hasard, avec une auto-mitrailleuse ». Vers midi, il mange des cerises sauvages et boit dans un trou de pluie.


Durant ce temps, Yvon Verne est à la ferme des Alphonses. « Comme mon activité était surtout nocturne, je me levais tard le matin ». Ce matin-là, une bergère nommée Mme Roche, vient le réveiller « tout effarée » et lui dit « que les Allemands, qui avaient laissé leurs camions, se dirigeaient à travers champs vers les Alphonses ».

Heureusement, le côté vers la Foux et le Mourisson est libre. « Le temps de passer un pantalon et de prendre les vélos, c’était moins cinq (…) nous partîmes (Yvon Verne et Sylvain Philibert) du côté libre (…), allâmes à Esparron prendre le tortillard poussif qui existait à l’époque, jusqu’à Barjols ».


Sauvés par un sanglier !

Ne trouvant pas Yvon aux Alphonses, Les Allemands se rendent à la ferme de son père, au Bastidan.

Ils sont accompagnés d’un homme : Hugo Brunning. Il reconnait Isidro Moliner qui est immédiatement arrêté. Il secoue Reine, la sœur d’Yvon Verne « en lui demandant

« Où est ton frère ? » Elle lui dit que j’étais parti depuis deux mois au moins (…) il la lâche ». Ils interrogent également Gabriel Verne, le père d’Yvon, qui proteste. « Un

S.S. lui crie : « Raus ! » Alors le Père Verne réplique : « Toi, Raus ! Je suis chez moi, ici ! ». Le ton monte, un Allemand se met à crier « Kaput ! Kaput ! ». C’est alors que le sanglier apprivoisé de la ferme, « Phi-Phi » (appelé ainsi car il avait de grandes oreilles comme le collabo Philippe Henriot) fait son apparition …, et fait rire les Allemands…. Qui partent sans plus d’histoire vers le village de Ginasservis. Le pire a été évité.

Dans le village, Elie Tuber, qui était présent la veille lors de la distribution d’armes, se précipite chez Lucien Villecroze


« Sachant que j’avais une mitraillette dans le placard, il la jeta très loin par la fenêtre de derrière, dans les orties. Les Allemands sont venus dans ma chambre, ils ont ouvert le matelas et le fauteuil à coups de couteau, mais n’ont rien trouvé ».

Les Allemands poursuivent leurs recherches et questionnent les habitants : ils recherchent Lucien Villecroze et Yvon Verne, mais aussi Eugène Mourou. D’après Yvon Verne, ce dernier se fait arrêter « un peu accidentellement ». En effet, Lucien Mourou, tentant de fuir, se fait tirer dessus. Son père sort alors de la maison ; Hugo Brunning le reconnait et l’arrête. Eugène Mourou est « emmené à Draguignan d’abord, puis à Marseille aux Baumettes où il restera jusqu’à la Libération ».

Il racontera plus tard à Yvon Verne que, quand on lui demandait où il était, il répondait : « Il est parti dans l’Isère. Pour lui, Lozère et Isère, c’était kif-kif puisqu’il y avait -zère dedans ! »

Les Allemands ne semblent pas s’être attardés, puisqu’ils étaient présents avec Hugo Bruning à Brue-Auriac l’après-midi même procèdant à l’arrestation de 7 habitants, dont le maire et l’instituteur.


Lucien Villecroze

(Né en 1922 à Marseille – mort en 2014 à Riez)


Chevalier de la Légion d’honneur.

Après la guerre, L. Villecroze dirige une entreprise du secteur agroalimentaire à Allemagne-en-Provence.

Il occupe la fonction de maire d’Allemagne-en-Pce de 1983 à 2001, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de 1980 à 1986 et conseiller général du canton de Riez de 1985 à 2004.

Mais Lucien Villecroze, lui l’ignore. Il reste aux alentours de La Roque et, le soir, mange encore quelques cerises et boit un peu d’eau d’une flaque et

« je me suis couché sous un pin. J’ai coupé des branches de buis pour me faire une litière, j’avais 22 ans et je me suis endormi ».

Le lendemain, il surveille la route Rians-Saint-Paul, la traverse et marche dans les bois. Il s’approche d’une ferme, écoute et reconnaît la voix de son patron, Marcel Menut qui s’était réfugié dans cette ferme. On lui donne à manger, une musette de victuailles et on lui dit de retourner à la Roque, ce qu’il fait.

Ce n’est que le lendemain (le 14 juin) qu’il se rapproche de Ginasservis. Il va retrouver le berger à qui il portait le pique-nique, Jassaud. Averti de sa présence, Lucien Menut vient le voir, lui apporte à manger. Il apprend alors l’arrestation d’Eugène Mourou. « J’en ai été très peiné car c’était un homme très gentil avec moi : des gens formidables, sa femme et son fils Lucien mon ami ».

Lucien Villecroze se cache encore quelques jours à la Maline. « Je ne suis pas retourné à Ginasservis. Marcel Menut m’a trouvé une place à la Verdière dans une ferme (Notre Dame) chez Gillet (…)

Sylvain Philibert Né le 3 sept. 1880 à Ginasservis-

mort le 16 déc. 1956 à Ginasservis

Agriculteur, militant communiste. Réside à la ferme des Alphonses, dans la plaine, entre Ginasservis et Rians.

Résistant, il doit se cacher au printemps 1944 et rejoindre le maquis d’Aups.

J’y suis resté jusqu’au 15 août après le débarquement en Provence ». Dès le lendemain, il revient à Ginasservis où Lucien Mourou lui confie une arme.

« Le soir, nous gardions les routes ».


Ce n’est qu’après l’arrivée des Américains qu’il peut retourner dans sa famille, à Allemagne-en-Provence.


Yvon Verne, lui, continue son activité dans les maquis. Il est notamment présent à Ste Croix du Verdon, le 11 août lors de l’attaque allemande et qui fit au moins 20 morts.

Il est décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent le 30 avril 1947 pour ses faits de résistance et pour avoir permis de briser l’encerclement du camp de Ste Croix par les Allemands, permettant à ses camarades de lutte de prendre la fuite.


Eugène Mourou

Né le 4 août 1901 à Ginasservis- Mort le 3 mai 1977 à Manosque

Cultivateur, militant socialiste puis communiste, membre des conseils d’administration de la coopérative vinicole ( qu’il présida) et de la Mutualité Agricole Régionale.

Résistant dès 1941, membre des F.T.P.F.

Arrêté le 12 juin 1944 à Ginasservis, il est incarcéré à Draguignan, puis aux Baumettes jusqu’au 16 août 1944.


Maire de Ginasservis de 1953 à 1971.

Paul Bertin (1889 – 1969)

Militant S.F.I.O. puis C.G.P.T. et P.C.F.

Il entre en contact en juin 1942 avec L’Armée Secrète et approvisionne régulièrement le

maquis de St-Martin-des-Pallières, mais aussi d’autres maquis.

Arrêté suite à la dénonciation d’Hugo Brunning, il est torturé.

Suite à son transfert à l’hôpital de Draguignan, il parvient à s’enfuir grâce à une opération de la Résistance le 14 juillet 1944.

Après la guerre, il est maire de Saint- Maximin de 1945 à 1947. Et restera ensuite conseiller municipal d’opposition.

Le témoignage de Lucien Villecroze nous a été transmis par Christian Philibert. Celui d’Yvon Verne nous a été transmis par sa fille, Magali Verne . Nous en profitons pour les remercier !

Juliette Malandin , Comité de rédaction de GinaPatrimoine

L’Ataïé prouvençau

Lou Verdoun Le Verdon


Aquelo ribièro es la reünido de très sourgènt à la

« Tèsto de la Sestriero » d’uno auturo de dous milo quatre cènt sieissante metre proche dóu còu d’Allos :

  • Lou Verdoun de la Foux, que sourgènto i Très Evescat

  • Lou gaudre dóu Bouchié, que sourgènto au Mount Pelat.

  • Lou Chadoulin escampadou, que sourgènto dóu lau d’Allos, pièi davalo seguissant la valade d’Allos.

A la debuto es un gaudre, pièi fin de quaranto cinq km, à uno auturo de nòu cènt metre, l’aigo, retengudo pèr li servo, aqueli de Castilloun et de Chaudrano, aveno lou lau de Sant-Andriéu.

S’envai, vanegant pèr Castelano, pièi s’engourgo dins li gorgo couneigugo d’un cap de Mounde à l’autre pèr lou noum de Gorgo de Verdoun !

Aveno lou lau de Santo-Crous qu’es d’escambarloun mentre lou Var é li Bassis-Aup, retengu pèr le servo de Bauduen. Pièi s’enrego dins li Basso Gorgo.

Après Quinsoun, s’eslargo e s’envai avena lou lau d’Esparoun, retengu pèr la servo de Gréus-li- ban, que fuguè empli en dès-e-nòu cènt sieissanto très, negant lou pount, barramen l’anciano routo qu’anavo de Sant Julian à Esparoun, isolant ansin li dous vilage. Es de dire que n’en fuguèron entreboulido li relacioun mentre li dous.

Seguissant soun cours, la ribiero, abaucado pèr li servo, passara pèr Gréus e Vinoun pèr enfin s’ajusta à la Duranço proche dóu castèu de Cadaracho que, de sa terasso, n’i’a un amiro remirablo sus lou jougnènt.

Cette rivière est la réunion de trois sources à la

« Tête de la Sestrière » d’une hauteur de deux mille quatre cent soixante mètres, près du col d'Allos :

  • Le Verdon de la Foux, qui prend sa source aux Trois Evêchés.

  • Le torrent du Bouchié, qui prend sa source au Mont Pelat.

  • Le Chadoulin, le déversoir, qui prend sa source dans le lac d’Allos, puis descend la vallée d’Allos.

Au début c'est un torrent, puis au bout de quarante-cinq km, à une altitude de neuf cents mètres, l’eau, retenue par deux réservoirs, ceux de Castillon et de Chaudane, alimente le lac de

Saint- André.

Il s’en va, passant par Castellane, puis s’engouffre dans les gorges connues dans le monde entier : les Gorges du Verdon !

Il alimente le lac de Sainte-Croix, à cheval entre le Var et les Alpes de Haute Provence, retenu par le réservoir de Bauduen. Puis il s’écoule dans les Basses Gorges.

Après Quinson, il s’élargit et va alimenter le lac d’Esparron, retenu par le réservoir de Gréoux- les- bains, qui fut rempli en dix-neuf cent soixante-trois, noyant le pont, coupant l’ancienne route de Saint- Julien à Esparron, isolant ainsi les deux villages.

C’est dire que les relations entre les deux en furent troublées.


Suivant son cours, la rivière, calmée par les réservoirs, passera par Gréoux et Vinon, pour enfin rejoindre la Durance près du château de Cadarache qui, de sa terrasse, a une vue admirable sur le confluent.

Lou Verdoun


A l’Age Mejan, que n’avié pas li servo, lou Verdoun avié un regime torrenciau : n’avié de grosso eigado que ié disien « verdounado ».

A n’aquelo epoco, ges de pount, e per traversa la ribiero à Gréus vo Vinoun falié émé de barco à traio. Dóu tems di verdounado, falié espera de cop que i’a quinge jour que l’aigo decrèisse pèr gagna l’autre ribo.

De toustems lou Verdoun pourdiguè is encontrado l’aboundànci, tant pèr la limo laissado dóu tems dis eigado qu’engreissavo la terro, que en assegurant tambèn lou ravitaiamen en aigo, pèr la culturo e pèr lou besoun dis ome e di besti.

Lou Verdoun prenguè mai d’impourtanço très lou siecle dès-e-nouven, en assegurant l’aigo à Z’Aix e i coumuno à l’entour. L’emperaire Napouleoun lou tresen decidè en milo vue cènt cinquanto sèt la coustrucioun d’un canau. La preso d’aigo se fara à Quinsoun. L’obro s’acabara en milo vue cènt setanto cinq que l’aigo dóu Verdoun arribara ansin à Z’Ais.

Un nouvèu canau que ié dison Canau de Prouvènço fuguè mes en servici en milo nòu cènt seissanto sèt. Aveno cènt sege coumuno vareso e di Bouco-dóu-Rose : Z’Ais, Marsiho, Touloun, e seis encountrado.

Au Moyen-Age, il n’y avait pas les réservoirs et le Verdon avait un régime torrentiel : il y avait de grosses crues qui s’appelaient les « verdounado ».

A cette époque, pas de pont, et pour traverser la rivière à Gréoux ou à Vinon, il fallait passer avec une barque à poulie. Au moment des verdounado, il fallait attendre parfois quinze jours que l’eau décroisse pour gagner l’autre rive.

De tout temps le Verdon apportait aux contrées l’abondance, tant par le limon, laissé par les crues, qui engraissait la terre, qu’en assurant le ravitaillement en eau pour la culture, les besoins des hommes et des animaux.

Le Verdon prit plus d’importance dès le dix- neuvième siècle en assurant l’eau à Aix et les communes autour. L’empereur Napoléon III décida en 1857 de la construction d’un canal. La prise d’eau se fera à Quinson. Le travail sera achevé en 1875 et l’eau du Verdon arrivera ainsi à Aix !


Un nouveau canal, appelé « Canal de Provence » fut mis en service en 1967. Il alimente cent seize communes varoises et des Bouches du Rhône : Aix-en-Provence, Marseille, Toulon et les communes proches.

Solange Souliol

Brèves de l'asso.

lescheminsdupatrimoine.fr

Quiz

Question :

Ce haut de plafond est caractéristique de quel type de constructions présentes sur notre commune ?

Réponse au no 59 :

Lavoir Saint-Joseph


Calendrier

11 août : Stand à la Fête des Moissons

31 août : Commémoration Débarquement Maison Maurras

Exposition, projection d’un film 8 septembre : Forum des associations

20,21,22 septembre : JEP sur le thème

« Itinéraires, réseaux et connexions »

Mission Patrimoine 2024

C’est le site de l’Aqueduc et la meunerie de Barbegal à Fontvieille qui a été choisi cette année pour bénéficier de l’aide du loto du patrimoine, dans notre région PACA.

Les lotos bénéficiant à la Fondation Patrimoine auront lieu du 7 au 21 septembre. Un jeu de grattage sera organisé entre le 2 septembre et le 3 décembre. En 2023 plus de 27 millions d’euros ont été récoltés pour les projets sélectionnés.


Panneau lumineux

Beaucoup n’en voulaient pas, mais il est bien là. Discret puisqu’il ne fonctionne pas !

Idem pour celui des Rouvières.

Vous voulez agir pour le patrimoine de St-Julien-le-Montagnier ?

Prenez contact avec l’association (adhésion annuelle 10 €)

Les Chemins du Patrimoine*

22, rue de l’Hôtel de ville 83560 Saint-Julien le Montagnier

*Association adhérente de l’association PATRIMOINE ET ENVIRONNEMENT ET DE LA SPPF

Présidente : Raymonde Pons Courriel : lcp83560@hotmail.fr

Site : lescheminsdupatrimoine.fr

L'aqueduc et les moulins de Barbegal constituent un complexe romain de meunerie hydraulique présenté comme

« la plus grande concentration connue de puissance mécanique du monde antique ».


Cet aqueduc qui alimentait Arles fut modifié au début du IIème siècle. Sa branche orientale fut détournée pour alimenter

la meunerie de Barbegal, tandis que la branche occidentale continua à alimenter la ville d'Arles.

L'eau actionnait deux séries de huit roues verticales

à augets disposées de part et d'autre d'une allée centrale. Elles fournissaient l'énergie à des moulins à farine. La meunerie pouvait produire 4,5 tonnes de farine par jour.

(Wikipédia)


, Bulletin gratuit de l’association Les Chemins du Patrimoine, rédigé par les membres.

Ont collaboré à ce numéro no 60 : Nicole Bienvenu, Raymonde Pons, Solange Souliol, A.-M. Toutin, Nicole Yver, Christel Pons, Hélène

Hugou, Monique Hoynant, François Grison, Claudia Maugeon. Merci à Ginapatrimoine.

ISSN 2269-9392 - Dépôt légal 21/10/2013 Imprimé par Corep 13090 Aix.