Le Hameau des Rouvières
Les Rouvières, ce hameau qui faillit devenir chef-lieu
Une église paroissiale, une mairie annexe, une école, des commerces. Au XIXe siècle les Rouvières avaient toutes les caractéristiques d’un village, au point d’avoir finalement la tentation de l’autonomie (1912).C’est ce qui fait son originalité dans notre vaste commune. Éloigné du chef-lieu, mais situé sur un axe important de communication, c’est sans doute sa situation géographique qui a généré cette originalité.
Le hameau tire son nom du site sur lequel il a été implanté : une clairière dégagée sur un plateau couvert de chênes verts (rouvres).
Des hameaux au «village», du «village» au hameau…
Un bref survol de l’histoire des Rouvières par Danièle Coquillat tiré en grande partie du livre de Monsieur Raymond Jardin. Actuellement quand on parle des Rouvières on pense au hameau aggloméré autour de l’église, mais autrefois « Les Rouvières » comptaient plusieurs îlots : Haute Rouvière, Peyres, Souléaires, Jardine, Coucoussier, Jonquiers, Puits Neuf,….mentionnés dès le XVIII° siècle sur la carte de Cassini III.
« Au moyen-âge, la route Barjols – Varages – Esparron -Riez passait par le col de la plus haute Bouvière où se trou-vait bâtie la chapelle de L’Enfant Jésus. De même la route Saint Maximin-St. Martin de Pallières – Esparron – Riez passait par la chapelle, puis le pont du verdon entre Saint Julien et Esparron. Enfin la route Vinon – Quinson franchissait aussi le col des Rouvières »
Livre « Saint Julien le Montagnier » de Raymond Jardin
À la fin du XVII e, la chapelle des Rouvières dépendait de la collégiale de Barjols. À ce moment les Rouvières exigent une église et un vicaire. En 1742, à l’issue d’un procès, le tribunal ecclésiastique reconnaît la nécessité de construire une église aux Rouvières. L’édifice fut érigé en paroisse en 1805 comprenant pour territoire la section des Rouvières (Saint-Julien) et la section de Brauch (La Verdière) formée de plusieurs fermes et hameaux : la Neuve, la Grande Bastide, la Petite Bastide, la Chaberte, la Rabelle, l’Américaine, la Moulouette (Mourotte).
Cinquante ans après l’édification de l’église, les habitants de la Rouvière firent une pétition : leur cimetière attenant à l’église et à la sacristie, longeant le chemin de Quinson n’étant plus assez spacieux. Les délibérations communales du 22 octobre 1854 décidèrent de le déplacer sur le flan gauche de l’église. Ce qui fut fait en 1856 après que La Verdière eût accepté de payer les 2/5° de la dépense pour les corps provenant de Brauch. En 1923 un nouveau transfert eût lieu à l’entrée du hameau sur la route Saint-Pierre à Montmeyan.
Deuxième élément constitutif : l’école
Les hameaux des Rouvières souffraient de leur éloignement de l’école communale. L’enseignement occupera plusieurs fois les délibérations du conseil municipal. En 1846 le prêtre des Rouvières demandera l’autorisation d’ouvrir une école privée. À cette époque, la nomination des instituteurs primaires communaux s’établissait par l’examen de trois documents : le brevet de capacité des 2e et 3e degré (actuel CM2), le certificat de moralité délivré par le maire, le certificat de moralité délivré par le curé.
En 1878 création d’une école mixte dans le hameau. Les lois Ferry 1881-1886 inciteront les gens des Rouvières à demander la création d’un poste pour une maitresse qui enseignerait les travaux d’aiguilles, la création d’un cours d’adultes hommes et d’un cours garçons. En 1904, l’école des Rouvières comptait 29 élèves dont 15 filles, deux classes et deux instituteurs. Elle a accueilli jusqu’à 49 enfants ce qui en faisait l’école la plus importante de la commune.
Les enfants venaient à pied depuis toutes les fermes et hameaux, apportant le repas qu’ils faisaient réchauffer à midi sur le poêle de la classe qu’on garnissait avec le bois apporté par les élèves. La récréation se déroulait dans la cour, attenante à la rue.
Jusqu’en 1914, le village des Rouvières comptait un café, un cercle, une épicerie, un maréchal-ferrant, un four à pain.
En 1912, à l’occasion d’un conflit au sujet du service postal en voiture, les rouvièrains réclamèrent la séparation de leur terroir avec celui de Saint-Julien, pouvant constituer un village indépendant avec les Rouvières pour chef-lieu. Mais le projet échoua.
La guerre de 14-18 va sonner le glas de ce village. Il n’y a qu’à regarder le monument aux morts au cimetière pour se rendre compte que la majorité des jeunes a disparu : paysans essentiellement, mais aussi intellectuels. La deuxième Guerre Mondiale entraînera, elle aussi, sa cohorte de disparus civils et militaires.
Comme sur le reste de la commune, l’exode rural videra les hameaux de leurs forces vives alors que Saint-Pierre se développera.
L’eau manquait aux Rouvières, seules les familles possédant une citerne en avaient. Ce n’est qu’en 1967 que les adductions furent achevées, ouvrant ainsi la porte de la modernité et favorisant l’accès aux citadins en quête de tranquillité dans une résidence secondaire.
Souvenirs….souvenirs
Propos d’Éliane Pourrières recueillis par Shirley Wallace
Église
Longtemps l’église fut entretenue par Eugénie Pourrière (tante Nini pour les enfants). Elle faisait le catéchisme, y jouait de l’harmonium, entretenait le linge et les objets sacerdotaux et dressait la crèche pour Noël. En mai, la Vierge est vénérée en Provence, c’est le « mois de Marie ». Tante Nini faisait sonner, chaque soir à 18 heures, la cloche «Christine Sauveterre » pour appeler tous les enfants à réciter une neuvaine. Après la messe, le curé en procession, entraînait les enfants jusqu’à l’oratoire sur la place du Jeu de boules, où les petites filles, vêtues de blanc, jetaient des pétales de roses pendant la bénédiction.
École
Comme toutes les écoles de ce temps là, celle des Rouvières fleurait bon la craie et l’encre violette; les pleins et les déliés étaient précautionneusement séchés au buvard. Mais ici la cour de récréation n’était pas enclose, la « récré » se faisait en bord de route, ou, l’été, à l’ombre du noyer dans le pré adjacent.
Scènes de la vie courante dans les années 1950
Parfois c’était les habitants qui baptisaient les rues. Ainsi l’impasse TOUMAROU (Toulon, Marseille, Rouvières) impasse de l’église où la maison curiale a un escalier de pierres. Au bout, vivaient deux frères, Joseph et Léonce Jauffret, bergers. Joseph était sacristain et « Président des oratoires » c’est-à-dire, chargé de l’entretien des oratoires de la région.
L’été, jusqu’à une heure avancée de la nuit, tous étaient rassemblés, soit sur des murettes, sur le banc de l’église ou des chaises sorties des maisons, soit au jeu de boules ou pour entendre la clarinette de Claude Davide dont la famille occupait alors la Curiale. Le provençal (patois) était encore très usité.
« Si une rivalité entre le chef lieu et la plaine provoquait des querelles d’enfants, une certaine complicité existait entre jeunes du Vieux-Village et des Rouvières. Dans les années cinquante, les préadolescents que nous étions s’amusaient à communiquer par des signaux en morse à la torche électrique entre les deux villages. »
Annie Toutin
Galerie Photos – l’église des Rouvières
C’est en 1747 que fût décidée la construction de l’église actuelle. L’intérieur, richement décorée dans un style naïf est un véritable bijou.