La chapelle Saint-Bernard de l’Éclou
L’Éclou ! Nous sommes à la fin des années 1950, c’est l’été, les grandes vacances.
Une bande de joyeux lurons, Annie B., Claude A., Jean-Marie B. et moi-même, passe sa journée à courir sous la chaleur dans les ruelles du hameau. Le soir, ce sont les retrouvailles à « la poutre », à côté de la chapelle Saint-bernard, car c’est le seul endroit où l’on a la « lumière » : une seule ampoule pour tout le hameau ! Les anciens discutent entre eux, assis sur la vieille solive vermoulue, les petits s’allongent sur le bitume encore chaud ; car l’on n’était pas dérangé par les voitures en ce temps-là.
Les journées passent, on doit s’occuper. Qui a lancé l’idée ? On ne s’en souvient plus. Toujours est-il que nous voilà emballés par ce projet : « il faut nettoyer la chapelle ! ». Alors là, quelle surprise, ce n’est pas une chapelle, c’est un ancien chenil, un débarras, un dépôt d’immondices ! Quelques pelles, un râteau, une pioche et deux ou trois brouettes, le tout emprunté aux parents et c’est parti. Après quelques jours de dur labeur, le résultat est là : la chapelle revit.
On découvre que le sol recouvert de 40 cm de toutes sortes de déchets, est en fait carrelé. Sur l’autel trône un tableau de 2 mètres sur 2, où l’on peut distinguer encore des personnages énigmatiques (peut-être un diable avec un boulet au pied ?).
Quelques chaises glanées de-ci de-là, des napperons, deux bougeoirs et notre chapelle reprend des couleurs. L’année d’après, pour la Saint-Bernard, le 20 Août, sera célébrée la première messe.
Au fil du temps elle retombera dans l’oubli et sera restaurée une fois, par Claude B. et Jean-Marie B. de l’Éclou, – le même Jean-Marie qui faisait partie de la belle équipe du début – et puis continuera de vivoter.
Son unique tableau sera volé. La cloche que nous avions fixée, une toute petite cloche, pas l’originale qui se trouverait dans le village plus bas (vous connaissez l’histoire, je l’avais narrée dans un article du Saint-Juliennois) a fini par se détacher.
Que reste-t-il aujourd’hui de Saint-Bernard ? Une chapelle vide, qui peut, sait-on jamais, retrouver un peu de vie. Alors faisons comme les « petits » de l’Éclou, retroussons nous les manches et voyons ce que l’on peut envisager : une petite salle d’expo ? Autre chose ? À vos idées ; réfléchissez, proposez et peut-être que, grâce à vous, la chapelle Saint-Bernard reprendra vie.
Rolland Berne