Lou Sant Aloi de Broussinet

Poème de l’abbé Spariat (extraits)

Sant Aloi de Broussinet est un pays imaginaire largement inspiré de notre commune. L’abbé Spariat (1861-1936), majoral félibre, a été curé des Rouvières. Il a écrit cette œuvre à Pourcieux * en 1898. C’est un poème tragi-comique, qui, avec beaucoup d’humour, décrit en langue provençale un peu de la vie du pays et se moque des querelles incessantes de la population, en particulier les querelles entre les habitants du chef-lieu et ceux de la « plaine ». Pas seulement un poème, une vraie parodie !

Culture provençale et méridionale, Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles

Couneissès Broussinet, coulègo ? Mai es que de païs ansin N’en trouvarias belèu pas cinq.

S’atrovo en lue rode tant gènt Subre-tout coume au Bout-dou-Mounde -Lou planestèu de l’autre las Ounte l’èr pur es en abounde. – Oh ! Que plesi quand i’escalas: S’ause Verdoun brama de-longo E la nue li loup idoula Vers lou Devens apereila. D’aqui la visto s’esperlongo Bèn luen, bèn luen, à voste entour : Vesès lis Aup et lou Ventour Que lou soulèu cencho de glori, Pièi Santo-Ventùri tant flori Que sèmblo, en aubourant la crous Escounjura l’aurige afrous. -Aco’s la sublimo mount-joio Nous remembrant dos gràndi joio.- E pièi l’Oulimpe, mount di dièu, Moustrant pus luen sa tèsto frejo E soun esquino que negrejo, Qu’à si pèd i’a l’endré gentiéu Ounte ma muse canto e viéu ; E pièi, darrié, la Santo-Baumo Que Madeleno sèmpre embaumo De si veru ; dins la luenchour Enfin, dins soun auturo rejo, Coudoun que, menèbre, mourrejo E’mé Faroungardo toujour Touloun, la mar e lou Miejour.

Ah ! Se i’avié d’oustau en vendo A Broussinet, sabe de gènt, Gènt de la vilo, inteligènt, Que ié vendrien manja si rèndo !

Connaissez-vous Broussinet, camarades ? De pays de ce genre Vous n’en trouveriez peut-être pas cinq.

On trouve nulle part un endroit si charmant Et surtout comme au Bout-Du-Monde -Le plateau opposé Où largement le grand air on respire.- Oh ! Quel plaisir quand on y monte : On y entend mugir sans cesse le Verdon Et, dans la nuit hurler les loups Au loin, vers le Defens. On embrasse de là un horizon immense Bien loin, bien loin, autour de soi : On voit les Alpes, le Ventoux Que le soleil environne de gloire, Puis Sainte-Victoire si célèbre Qui semble, en élevant la croix, Exorciser l’affreux orage. -Sainte-Victoire est le pilier sublime Nous rappelant deux grandes joies- Et puis, montrant plus loin sa froide tête Et sa crête noirâtre, L’Olympe, mont des dieux, Au pied duquel, en un gentil endroit, Vit et chante ma muse * Et par derrière on voit la Sainte-Baume Que les vertus de Madeleine Ne cesse d’embaumer ; enfin, dans le lointain, Dans sa haute raideur, Coudon dresse son front sévère Avec Faron gardant toujours Toulon, la mer et le Midi.

Ah ! S’il se trouvait des maisons à vendre A Broussinet, je sais des gens, Gens de la ville, intelligents, Qui viendraient ici vivre de leurs rentes !

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